L’abeille bleue: qui est-elle?

 

Permettez-moi de vous présenter l’animal qui m’a inspiré.

 

Description scientifique

L’abeille bleue ou Charpentière appartient à l’ordre des hyménoptères qui se caractérise par quatre ailes transparentes. Sa longueur d’à peu près 3 cm fait de l’abeille charpentière la plus grande espèce d’abeille indigène.
En raison de sa constitution, elle est souvent prise pour un bourdon. Mais à la différence du bourdon, les ailes de l’abeille charpentière ne sont pas translucides. Sous l’effet de la lumière, ses ailes peuvent avoir des reflets bleuâtres (voir photo). Son corps, de couleur noire, est couvert de poils. Le mâle et la femelle ne sont guère différents.
Les abeilles charpentières peuvent piquer certes, mais elle ne le font que si on les dérange ou les importune involontairement. Xylocopa violacea n’est pas agressive envers les personnes.

 

Une fable poétique*

Une étrange abeille

N’entendant rien en danse, une abeille partit
Rechercher les butins indiqués par ses soeurs.
Mais, ne trouvant que nuages au lieu des prairies,
Elle se mit à confondre les volutes et les fleurs.

Sans chorégraphie, de tout repère dénuée,
S’attardant plus que de raison sur les images
Se gavant des visions ruisselant des nuées
Elle s’étourdit, ivre, du ciel sur le visage.

Plus ivre des hauteurs que du moindre pollen
Elle revint bredouille, le vent nu pour monture,
Sans autre cargaison que sa très douce haleine
Qui souffla à la reine la fraîche odeur d’azur.

Un joyeux brouhaha envahit le royaume
Entre panique et bises car notre abeille dansait
Un nouveau jazzimut, endiablant le mielodrome,
Qui saisit les moqueurs, qui, derrière, s’élançaient.

Des dizaines d’abeilles aux départs sans retour
Devinrent libres et sauvages, abandonnant la ruche.
Au fil des mois, et au gré de mille détours,
Notre abeille trouva la reine auprès d’une bûche.

Désespérée d’avoir perdu sa garnison,
Ses nourrices et ses chercheuses de butin,
La reine voulait pour sa ruine guérison
Et pria l’autre insecte d’un ton enfantin.

– Vous qui semblez au fait de danses inconnues,
N’en connaîtriez-vous pas une qui soit fertile
Pour que ma colonie comble les avenues
Encore trop désertes et même, presque, futiles?

– C’est qu’il me faut garder le secret des sauvages
Et qu’ainsi je ne peux vous confier la recette.
Sachez que tout ce bleu et tout cet enrobage
Sont le fruit de récoltes, de rires et de fossettes,

Et que nul ne construit de ruche au fond du ciel,
Que ce dernier enfin, dispense goutte à goutte
Un horizon poussant l’autre à l’essentiel
Que les solitaires, seuls, croisent sur leur route.

Sur ce, la vagabonde s’élança sans retard
Pour parcourir sans cesse les fertiles cieux.
On la trouve occupée à piquer de son dard
Juste un peu de soleil, pour quelques rayons bleus.

Si l’on ne construit pas de ruche au firmament
L’abeille charpentière étend son règne libre
Dans le pollen du ciel, perpétuellement.
Un miel bleu pour toute âme, du sucre pour toute fibre.

 

* extraite d’un recueil de fables d’un auteur suisse, en cours d’écriture